Il existe deux ligaments croisés. Situés au milieu du genou, ils permettent de stabiliser l’articulation lors des mouvements en torsion du genou.
Leur importance est majeure lors des mouvements en pivot appuyé du genou, lors des sports comme le rugby, le football ou le ski.
En cas de mouvement forcé (tacle, chute de ski), ces ligaments peuvent se rompre. La rupture partielle ou totale intéresse surtout le ligament croisé antérieur.
Lors de l’accident, le patient ressent un craquement, la marche est difficile voire impossible. Le genou gonfle immédiatement.
Petit à petit, la situation s’améliore mais les conséquences de l’accident apparaissent. Le genou est instable, semble se dérober en marchant. Cette instabilité peut entraîner une appréhension voire un arrêt de certains activités physiques.
Chaque patient est toutefois différent et les conséquences de cette lésion anatomique seront variables. Le niveau sportif, la masse musculaire préexistante, la présence de lésions associées auront un impact sur la stabilité résiduelle de l’articulation.
A long terme, l’instabilité du genou, même peu importante, est l’une des causes d’arthrose de genou.
Chaque patient étant différent, le traitement est fait au cas par cas.
Chez le patient sportif, avec des impératifs de résultats ou de carrière, ou lorsque le genou est très instable dans la vie quotidienne, il faudra envisager une chirurgie de reconstruction.
Chez le patient sportif de loisir, stable dans la vie quotidienne, au-delà de la cinquième décennie, on pourra s’orienter vers un traitement fonctionnel, à l’aide de renforcement musculaire par le kinésithérapeute. L’intervention sera proposée en cas d’échec ou d’apparition d’une arthrose précoce.
Le traitement chirurgical consiste en une reconstruction du ligament croisé antérieur, ce dernier ne pouvant cicatriser seul. Il faut donc prélever une partie de tendon lors de l’intervention.
Celle-ci se déroule quasiment systématiquement en ambulatoire, avec un retour à la maison le soir même.
Le patient descend le plus souvent à pied, accompagné du brancardier.
Une fois dans le bloc opératoire, il va être pris en charge par l’équipe d’anesthésie.
Lors de la consultation pré-opératoire avec l’anesthésiste, le mode d’anesthésie a été décidé. Il peut s’agir soit d’une anesthésie générale ou péridurale, en n’endormant que les jambes.
L’équipe d’anesthésie va alors préparer le patient puis, une fois « endormi » il est accompagné en salle d’intervention.
Il est installé sur la table opératoire, la jambe opérée maintenue dans des appuis. L’opération peut débuter.
Elle se passe exclusivement sous arthroscopie, sauf exception, à l’aide de microcicatrices. Sa durée est d’environ 30 à 40 minutes.
Le premier temps est une exploration du genou pour valider les lésions. La caméra insérée dans l’articulation permet de visualiser l’intégralité du genou.
Le deuxième temps est le prélèvement du nouveau ligament. Il peut s’agir d’une partie du tendon rotulien (technique Kenneth Jones) ou d’un tendon des ischio-jambier( technique DT4 ou DIDT). Le tendon prélevé est alors préparé sur table.
Le troisième temps est la préparation des tunnels dans lesquels le nouveau tendon va aller s’insérer. A l’aide de mèches et d’un moteur, les tunnels sont creusés à la taille exacte du nouveau ligament.
Le quatrième temps voit le nouveau ligament être mis en place. Il est verrouillé par des vis ou des « boutons » métalliques après mise en tension.
Il a lieu le soir même.
Le genou est maintenu dans une attelle le temps que les muscles du genou récupèrent. La marche est autorisée immédiatement. La rééducation est débutée le plus rapidement possible, à l’aide d’un kinésithérapeute. Le centre de rééducation est maintenant réservé aux sportifs de haut niveau.
La rééducation se déroule en trois phases
La première phase s’étend de l’intervention au deuxième mois post opératoire.
Il s’agit de faire redemarrer le genou et ses muscles, d’enlever attelles et aides à la marche pour retrouver son autonomie de « base ». Glaçage, renforcement musculaire, mobilisation douce sont les piliers de cette étape.
La deuxième phase est une phase de gain musculaire et de travail de l’équilibre.
Ce travail proprioceptif est réalisé sur plan instable, trampoline, exercices de prise d’appui alterné,…
Il faut rester en chaine fermée. La chaine ouverte vient progressivement en fonction de l’évolution.
Durant cette phase, on autorisera en fonction des progrès la reprise des sports en ligne tels que le jogging sur terrain régulier, la natation (sauf la brasse !), la salle de sport, le vélo.
La troisième phase est la reathlétisation au sport pivot. Elle débute à partir du 6 ème mois et le patient et son kinésithérapeute vont alors faire le travail de préparation au retour au sport pivot.
Le sport pivot sera débuté à partir de cette période, après un arrêt de 6 mois.
La reprise se fait au même niveau qu’avant l’accident initial chez plus des trois-quart des patients.
Cette chirurgie ne présente que très peu de complications. En dehors des complications générales de l’acte chirurgical, résumées dans le consentement, les complications les plus fréquentes sont :
La raideur : le nouveau ligament est souvent très tendu lors de sa mise en place. Cela peut entraîner une petite difficulté à étendre complètement le genou. Cela passe environ en quelques mois avec le protocole rééducatif.
L’hématome de la jambe : il est assez fréquent lors des techniques avec prélèvement du ou des tendons des ischio-jambiers. IL est impressionnant mais se résorbe seul en quelques semaines
L’instabilité résiduelle : malgré un traitement de toutes les lésions sources d’instabilité, il peut arriver que le genou ne se stabilise pas ou devienne douloureux. Cela est malheureusement imprévisible et peut nécessiter une nouvelle intervention.